« Pourquoi raconter aujourd’hui l’horreur et l’inhumanité des camps de concentration qui furent créés en Bulgarie au lendemain du 9 septembre 1944 ? Qui cela concerne-t-il encore ? N’est-il pas préférable de recouvrir du voile de l’oubli cette page d’histoire qui commence à s’effacer de notre mémoire et de répartir à zéro, le regard tourné résolument vers l’avenir ? »
C’est ainsi que dans son exceptionnel récit Stéphane Botchev essaie de conjurer ses doutes et de sauver de l’oubli la mémoire des années terribles passées dans les camps de Bogdanov Dol et Béléné-Persine où le régime communiste bulgare enfermait « les ennemis du peuple » : des protestants, des membres du parti agraire ou des libres penseurs de toute origine sociale. L’auteur y mêle des considérations philosophiques et morales aux notes prises à l’époque sur le vif et sauvegardées grâce au courage et à la solidarité de ses compagnons de malheur. Avec humilité et retenue, Botchev nous livre ici des portraits touchants des prisonniers et de leurs geôliers et rappelle les dures conditions de lutte pour la survie et la dignité. Son souci de replacer les événements dans leur contexte historique et son style, jamais entaché par l’acrimonie ni le goût de revanche, font du livre de Botchev un témoignage unique du destin de l’homme aux prises avec les tumultes du XXe siècle.