Le narrateur de Déjeuner au bord de la Baltique voyage sur les lieux de son passé. Ses souvenirs d’enfance l’assaillent et se télescopent avec la mémoire des événements d’il y a vingt ans : un dissident de l’époque partage ses derniers moments avant l’exil avec la femme qu’il aime.
Le destin des opposants dans l’Union soviétique des années 70 s’inscrit dans la mélancolie des plages brumeuses et dans la tristesse du souvenir. La neige enveloppe le fugitif dans son cocon et le protège contre les limiers du KGB ; le gel dessine sur les vitres des paysages dans lesquels les enfants s’amusent à gratter des lucarnes… Les sensations qui envahissent le narrateur sont distillées par petites touches délicates imprégnant le texte d’une atmosphère surannée et pourtant gravée à tout jamais dans la mémoire.
Déjeuner au bord de la Baltique nous offre un beau morceau de prose, poétique et étrange, où les réminiscences personnelles suggèrent plus qu’elles n’évoquent, évitent toujours l’écueil du sentimentalisme ou de l’emphase, et se donnent à lire avec modestie et retenue.