Que peuvent dire de l’histoire ceux qui ont cuisiné à des moments clés de l’histoire ? Idi Amin Dada consommait-il vraiment de la chair humaine ? Et pourquoi Fidel Castro était-il obsédé par une vache en particulier ? Qu’est-ce qui bouillonnait dans les casseroles tandis que le sort du monde était en jeu ? Que voyaient les cuisiniers du coin de l’œil, s’assurant que le riz ne brûlait pas ou que le lait ne débordait pas ? Qu’a mangé Saddam Hussein après avoir donné l’ordre de gazer des dizaines de milliers de Kurdes ? Et qu’a mangé Pol Pot à l’époque où près de deux millions de Khmers mouraient de faim ? Enfin, la nourriture a-t-elle influencé leur politique ? Et les cuisiniers, usant de la magie de la nourriture, ont-ils réussi parfois à l’infléchir un peu ?
En parcourant quatre continents, des ruines de l’Irak aux savanes du Kenya, Witold Szabłowski a retrouvé les cuisiniers personnels de cinq dictateurs connus pour l’oppression et le massacre de leurs propres citoyens : Saddam Hussein en Irak, Idi Amin Dada en Ouganda, Enver Hoxha en Albanie, Fidel Castro à Cuba et Pol Pot au Cambodge, et il a écouté leurs histoires autour d’une soupe aigre-douce, d’un pilaf à la viande de chèvre ou de bouteilles de rhum. Et voici que l’histoire nous est racontée avec un point de vue pour le moins inédit : celui du ventre, celui du cuisinier.