Il est un temps où la mémoire réclame sa part de souvenirs, fidèles ou embellis, ou encore distordus par le passage des jours. Soixante-sept ans : c’est un âge raisonnable pour se livrer à cet exercice. Souvenirs de la classe de neige, à l’époque des premiers tire-fesses (ou « tire-flemme », en Suisse romande), souvenirs d’un bref séjour à l’École des beaux-arts, au temps de l’adolescence, souvenirs d’un labeur éprouvant, sans lendemain, souvenirs de la mort aussi ; et puis souvenirs de la famille, et notamment de trois oncles : l’un a combattu aux côtés du général Leclerc après avoir été enrôlé de force dans la Wehrmacht ; un autre a fait la guerre d’Indochine ; quant au troisième, fils d’un important fasciste italien, il est devenu un diplomate influent de la construction européenne. Trois oncles, trois fantômes qui reviennent toujours, confiant à leur neveu leur fierté, leurs souffrances, leurs petits et grands secrets, comme autant de moments douloureux de l’Histoire de France.
L’auteur évoque aussi les villes de sa jeunesse : Strasbourg, Paris, Lausanne, Aoste, Athènes, et enfin Arles, où il vit.
Et pour finir, un récit, entre réalité et fiction : deux vieux artistes vont mourir. Qui se souviendra de ces oubliés de l’Histoire de l’art ? Une histoire bâtie comme un bref roman noir.