« Toujours est-il que nous sommes immobiles chacun dans son trou. En un million d’années la mouche non plus n’a pas appris à échapper à l’araignée.»
Dans Discours à la nation, Ascanio Celestini évoque une nouvelle fois la relation entre la classe dominante et la classe dominée, mais renverse ici son point de vue : cette fois, ce sont les puissants qui parlent. Des discours d’un cynisme suffoquant débarrassés de leur vernis de respectabilité, qui se révèlent d’un grotesque aussi comique qu’effrayant. La docilité du peuple, la démission des syndicats, le marché globalisé, sont aussi mis en situation dans le livre. Celestini met le doigt sur les aberrations de nos sociétés modernes.
Les pages de ce livre tintinnabulent comme un trousseau de clés. Au cœur de chaque histoire, il y a une image, le ton noir de la fable, une vertigineuse parabole anarchique (ou anarchiste) : des mots qui ouvrent en grand des portes dans la tête du lecteur.
Avec sa langue inimitable, à la fois tendre et vipérine, d’une poésie sautillante, d’un humour ravageur ; avec sa conscience politique et un véritable amour des « petites gens » ; avec son sens aigu de la musicalité des mots, Ascanio Celestini a construit en quelques années une grande œuvre.