Fils de la Russie, mais à l'aise aussi bien à Paris qu'à Rome - où il habite -, Dimitri lvanov, plus connu sous le pseudonyme de Jean Neuvecelle, a vécu les grands bouleversements de ce siècle. Du bouillonnement culturel d'avant la révolution russe à la chute du communisme, en passant par la dictature fasciste italienne, la Rome de la dolce vita, ou encore l'Union soviétique de Boris Pasternak et de l'affaire du Docteur Jivago, il est peu d'événements qu'il n'ait traversés. Né en 1912, longtemps journaliste à France-Soir, correspondant au Vatican de la Radio Suisse Romande et du Journal de Genève, Jean Neuvecelle nous livre ici un témoignage capital.
Au fil de ces entretiens apparaît aussi une autre figure, celle du père, le poète Viatcheslav lvanov (1866-1949), dont on commence seulement à redécouvrir l'importance. Initiateur du symbolisme russe, c'est lui qui anima le fameux salon littéraire de la Tour, à Saint-Pétersbourg, où se côtoyèrent, entre autres, Blok, Meyerhold, Akhmatova, Mandelstam, Diaghilev, Scriabine, Berdiaev, Goumilev, Biely.
On trouvera donc dans cet ouvrage un double itinéraire: celui de Jean et celui de Viatcheslav. De la terre russe à l'exil romain, de l'émigration à l'Europe des cultures enfin réconciliées.