« D’accord, mais si votre culture est véritablement aussi ancienne et aussi puissante, pourquoi vos toilettes publiques sont-elles aussi puantes ? […] Pourquoi les centres-villes historiques meurent-ils par quartiers entiers, pourquoi les balcons tombent-ils, pourquoi y a-t-il si peu de lumière sous les portes cochères et autant de verre cassé sous les pieds ? »
Karl-Joseph Zumbrunnen, photographe autrichien, multiplie les voyages en Ukraine dans les années 1990. Fasciné par la construction de ce nouvel État, il décrit, dans des lettres à ses amis, le chaos de la période postsoviétique et l’arrivée brutale de l’économie de marché. Les rencontres improbables et les événements inattendus lui paraissent bien plus excitants que sa vie rangée d’Européen de l’Ouest. Avec son interprète, qui est aussi sa maîtresse, il est invité dans un observatoire transformé en hôtel, perdu dans les Carpates. Le photographe s’installe dans cette « Auberge sur la Lune » avec une compagnie hétéroclite, réunie sans raison par un mystérieux milliardaire : vidéaste, stripteaseuses, gardes du corps et intellectuels postmodernes. Les situations absurdes et les malentendus s’enchaînent : affaires mafieuses, orgies alcooliques, récupération du folklore local, manœuvres douteuses d’écrivains sur le déclin, et relations amoureuses débridées.
Avec ironie et grincements de dents, Yuri Andrukhovych décrit une réalité carnavalesque à travers les yeux d’un Autrichien naïf et un peu coincé, dont les valeurs et la manière de vivre sont bouleversées par son voyage lyrique à travers l’Europe de l’Est.