Joseph Czapski (1896-1993) a vécu de nombreuses vies au cours de ses quatre-vingt-seize années d’existence. Il était étudiant à Saint-Pétersbourg pendant la Révolution russe et peintre à Paris durant les Années folles. En tant qu’officier de réserve polonais luttant contre l’envahisseur nazi aux premières semaines de la Seconde Guerre mondiale, il a été fait prisonnier par les Soviétiques. Au camp de Starobielsk, il fut l’un des très rares détenus à avoir échappé au massacre de Katyń, un meurtre de masse ordonné par Staline et mis sur le compte des Allemands. (Voir Proust contre la déchéance et Souvenirs de Starobielsk, chez Noir sur Blanc et Libretto, ainsi que Terre inhumaine, repris dans la « Bibliothèque de Dimitri »).
Czapski n’est jamais retourné en Pologne après la guerre. Installé en région parisienne avec sa sœur et les intellectuels de la revue polonaise Kultura, il a travaillé sans relâche à faire connaître le sort de sa patrie soumise au totalitarisme.
Czapski était une personnalité publique de tout premier plan, mais c’est la peinture qui a donné un sens à sa vie. Eric Karpeles, également peintre, révèle la complexité de Czapski, réunissant ici tous les fils de cette vie remarquable.