« Si l’on passe toute sa vie à attendre la mort, on peut au moins être sûr d’une chose : on ne sera pas déçu. »
Oleg Pavlov a travaillé comme vigile dans un hôpital moscovite au cours des années 1990. Par une série de textes brefs, il décrit le quotidien des lieux, entre infirmières, concierges, médecins, liftiers, patients, cadavres et visiteurs. Ces petites scènes de la vie courante, cruelles ou tendres, parfois insoutenables, sont rapportées avec une précision clinique, un humour grinçant et une discrète empathie. Sans cesse sollicité, le vigile sépare les bagarreurs, jette dehors les importuns, soutient les familles éprouvées ; face à la souffrance, il lutte pour conserver son humanité.
Le Journal d’un gardien d’hôpital témoigne de la profonde crise économique, sociale et morale que la Russie a traversée après la chute de l’Union soviétique : l’alcoolisme et la drogue font des ravages, les sans-abri sont légion, le personnel hospitalier est terrifiant de cruauté. Chez Pavlov, qui a attendu quatorze ans avant de publier ses notes, la proximité avec la souffrance et la mort exprime le chaos de la société russe de cette période.
Chronique au jour le jour d’un service des urgences, cet ouvrage coup de poing s’inscrit dans la très dérangeante « prose confessionnelle » d’Oleg Pavlov.