« Les livres ne valent d’être écrits que si l’on a franchi l’ultime frontière de la honte. »
Apprenti chauffeur routier, puis apprenti reporter grâce aux instances du Parti qui voudraient faire de lui un délateur professionnel (peine perdue), Marek Hłasko est propulsé dans le monde des lettres par quelques vampires édentés, mâles et femelles, qui espèrent se revivifier du sang d’un beau jeune homme, irrespectueux et séduisant en diable. Il écrit La Belle Jeunesse à 32 ans. Il va bientôt mourir et fait dans ce « livre inestimable » le récit de sa vie fulgurante : « James Dean polonais », idole de la jeunesse à l’aube des années soixante, puis réfugié incontrôlable, ivrogne, bagarreur, séjournant dans les institutions psychiatriques et pénitentiaires d’Europe, d’Israël et des États-Unis, séducteur irrésistible et malheureux.
Le premier, il avait rompu avec les conventions grises du réalisme socialiste, par sa brutale description des faits, son sens aigu de l’observation, son art du dialogue, tranchant et radical, vrai enfin, mais aussi un lyrisme sombre. Livre d’intranquillité, La Belle Jeunesse affronte la vie cruelle, à l’Est comme dans le soi-disant monde libre, « car… le monde se divise en deux moitiés égales, à ceci près que l’une est invivable et l’autre insupportable ».