Nouvelle traduction du serbo-croate par Pascale Delpech
La Cour maudite, c'est le surnom d'une prison mal famée de Constantinople. On y rencontre tous les types humains : des malfaiteurs et des innocents, des gueux et des princes. On les y enferme en nombre, car la police ottomane « s'en tient au sacro-saint principe qu'il est plus facile de relâcher de la Cour maudite un innocent que de rechercher un coupable dans tous les recoins de la ville ». Le maître des lieux, Karagöz, est un policier manipulateur, marionnettiste envoûtant, qui, en exerçant son pouvoir arbitraire et en proscrivant l'insupportable certitude, rend l'enfer tolérable. « Ils le maudissaient mais comme on maudit une vie qu'on aime ou un destin funeste. » Après l'avoir rencontré, à l'instar des habitants de la Cour maudite, les lecteurs de ce conte magistral, parabole de tous les pouvoirs dévoyés, auront du mal à « imaginer la vie sans lui ».