Cet immense roman de 2000 pages débute en Ukraine avant la Première Guerre mondiale pour se terminer à Varsovie avec la Seconde. Pendant trente ans il nous promène à travers la Russie sanglante de la révolution, la Pologne recouvrant son indépendance, le Paris des années Arts Déco, l'Allemagne de la république de Weimar et celle d'Hitler, l'Espagne de la guerre civile...
Cette vaste fresque n'est pas à proprement parler un roman à clef, même si — dans les épisodes parisiens — s'y faufilent des figures ressemblant étrangement à Jean Cocteau, Coco Chanel ou Frédéric Joliot-Curie. De même, Janusz Myszyński, le personnage central, pourrait passer pour l'alter ego de l'auteur, alors qu'Edgar Szyller, le compositeur, ressemble beaucoup à Karol Szymanowski.
La Gloire et la Renommée s'inscrit dans la grande tradition du roman-fleuve et doit sans doute beaucoup à Proust (dont la femme d'Iwaszkiewicz fut la première traductrice en Pologne) et davantage à Henry James qu'à James Joyce. Avec ce roman d'envergure, Iwaszkiewicz, pourtant célèbre pour ses formes coudes, a voulu rendre hommage à une Europe qui a sombré dans le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Il en recense toutes les richesses, en inventorie tous les paysages qu'il sait décrire comme nul autre. La musique de Brahms, le Faust de Goethe, les grands nus de Caravage, la cathédrale de Burgos, le panorama de Paris vu de la terrasse de Chaillot et celui de la vallée du Neckar à Heidelberg, les Tatras polonaises et les collines brunes de l’Ombrie — autant de joyaux de ce jardin d’Eden européen qu’Iwaszkiewicz glorifie par sa prose.