« L’île de Run, minuscule rocher oublié du reste du monde, se trouve au fin fond des Indes orientales. De nos jours, elle a si peu d’importance qu’elle aurait tout aussi bien pu avoir sombré dans l’océan.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Son nom était au XVIIe siècle sur toutes les lèvres, et elle était dotée de richesses si fabuleuses que celles de l’Eldorado faisaient pauvre figure en comparaison. Mais ce n’était pas l’or qui faisait sa fortune, la nature l’avait dotée de quelque chose de beaucoup plus précieux. Ses montagnes étaient revêtues d’une forêt de grands arbres au parfum suave et aux fleurs en forme de cloche et de fruits jaune citron et charnus. Les botanistes la nommaient Mystirica fragrans, mais les marchands l’appelaient simplement muscade. »
Parée de toutes les vertus, censée éloigner la peste, la noix muscade fut l’objet de toutes les convoitises à la fin du XVIe siècle. Elle déchaîna l’avidité folle des négociants, les ruses des politiciens, l’ambition des explorateurs et elle pouvait faire la fortune du premier matelot. Encore fallait-il atteindre les îlots situés sur l’archipel des Moluques, dans une mer si lointaine qu’elle pouvait ne pas exister, éviter tous les dangers et revenir…
Giles Milton, en s’appuyant sur les témoignages des principaux navigateurs de l’époque, a retracé le parcours de ces aventuriers prêts à tout pour servir leurs ambitions. Sous sa plume, la chasse aux épices, à l’origine de la route des Indes et du siècle d’or de l’aventure maritime, devient un roman d’aventures où abondent flibustiers, rois orientaux, rapines et batailles navales.