«On ne sait rien de rien tant qu'on n'a pas fait l'expérience de l'amour», affirme un des personnages du présent recueil de nouvelles.
Qu'elle examine la beauté ou la laideur de la vie, la légèreté ou la pesanteur des choses, le comique ou le tragique des jours qui défilent, Ljubica Arsić ne cesse de décortiquer l'être humain sous toutes les coutures de l'amour. C'est ainsi qu'elle fait dire à une autre protagoniste, sous forme de philosophie paradoxale: « Elle croyait connaître la vie et les hommes. En fait, elle ne savait rien d'eux puisqu'ils sont tout le temps nus. Au lit, il est impossible de deviner qui ils sont, quand ils appellent "maman", ou prononcent le nom d'une autre femme, comme si quelqu'un devait assister à leurs ébats. Les hommes sont bizarres. Impénétrables pour les femmes. » Erotisme pervers ? Voyeurisme ? Ce serait trop simple...
Les personnages d’ Arsić, aussi bien féminins que masculins, traînent derrière eux leur solitude, « la fine poussière du mal de vivre », leur bagage de douleurs, leurs comportements fantasques à la lisière de la folie, leurs pulsions délétères, leurs inhibitions incestueuses, la violence imprévisible de leur feu érotique. Ils se cherchent désespérément des raisons de vivre, ou, plutôt, des raisons de ne pas mourir: le sexe fonctionne alors comme repère existentiel, comme passerelle entre la nécessité de la vie et l'angoisse de la mort.
D'où la vérité crue et explosive qui se dégage de ces nouvelles, mais aussi l'affirmation du droit à l'émotion, celle-ci fût-elle jugée froide et impudique.