Première édition : L’Âge d’Homme, 1980
Traduction revue et corrigée
L’Acajou est sans conteste le chef-d’œuvre de Boris Pilniak. Ce roman révolutionnaire annonce Joyce et Dos Passos : l’intrigue est quasi inexistante, et le sujet ne se dessine qu’une fois la lecture achevée, lorsque les multiples angles de vision indiquent le point de convergence. Au premier abord, L’Acajou apparaît comme un étonnant patchwork romanesque : la Moscovie des fols-en-Christ ; les XVIIIe et XIXe siècles, âge d’or du meuble russe ; l’année 1928 avec sa rage industrielle. Mais ce chaos apparent s’ordonne admirablement grâce à la composition des chapitres peu nombreux et aux échos qui naissent de la juxtaposition des fragments apparemment si peu apparentés. Au final, c’est la transition dans la violence, la fin du monde ancien qui sont illustrés par cette prose incandescente, et qui vaudront à son auteur, une décennie plus tard, de disparaître dans les purges staliniennes.