Préface de Paul Nizon
« Derrière moi, une querelle s’éternise, un bébé hurle, le wagon tressaute, ses roues grondent, les trains qui nous croisent vrombissent, mais, pour moi, le bruit s’est tu. »
Mikhaïl Chichkine, qui s’était donné pour mission d’adapter le modernisme « à la Joyce » aux lettres russes, se révèle ici au lecteur dans une simplicité et une intimité nouvelles. Qu’il évoque les relations entre la Suisse et la Russie, l’importance du mot ou le destin de l’écrivain, ses textes sont émaillés de détails biographiques qui leur confèrent la saveur toute personnelle du souvenir. Le texte sur Robert Walser, auquel il voue une grande admiration, est un chef-d’œuvre : c’est, selon Paul Nizon, l’hommage éblouissant d’un écrivain à un autre écrivain.
Une enfance soviétique, une jeunesse rebelle, la haine de la violence ordinaire, l’appel de la littérature, l’exil, qui lui fit craindre de perdre sa langue maternelle, puis le rapprocha de « sa » langue d’écrivain et de la littérature russe : on trouve, dans ce recueil, le « code » de tous les livres de Mikhaïl Chichkine, ses sources d’inspiration autant que ses obsessions.