Alors qu’elle travaillait à une biographie d’Irena Sendler, Anna Bikont a découvert deux petits cahiers d’un membre du Comité central des Juifs de Pologne.
Intitulés « Rapports de mission de L. Majzels à la recherche des enfants se trouvant aux mains de Polonais », ces cahiers contiennent 52 noms d’enfants juifs réclamés par leurs proches après la guerre. Des enfants qui ont survécu à l'extermination. Qui ont été sauvés par des citoyens polonais. Lejb Majzels, de mai 1947 à août 1948, s’est rendu dans les coins les plus reculés de Pologne pour leur permettre de retrouver leurs proches.
Ce fut une entreprise difficile et risquée, à travers un pays devenu communiste, où régnaient la pauvreté et la peur. Et il y avait de quoi avoir peur, surtout si l’on était juif : un an plus tôt, à Kielce, plusieurs dizaines de Juifs avaient été tués lors d’un pogrom, et des assassinats continuaient à se produire. Maisels retrouva 33 des enfants dont il avait les noms. Parfois les parents adoptifs refusèrent de les laisser partir, parfois il fallut négocier une somme, pour le dédommagement.
Le prix à payer retrace pas à pas cette mission unique. Anna Bikont a parcouru le monde à la recherche des derniers de ces enfants, aujourd’hui très âgés. Elle en a retrouvé 30 et s’est aperçu que la plupart connaissaient très peu les circonstances de leur sortie de Pologne : l’un d’eux apprend son véritable nom grâce à elle, un autre voit pour la première fois une photo de sa mère. Mais tous ne sont pas prêts à raviver le souvenir…