En 1623, dix cardinaux réunis en conclave pour choisir un nouveau pape et des centaines de membres de leur entourage meurent de la « mal’aria », autrement dit le mauvais air issu des marais romains. Leur élu, Urbain VIII, décide de tout mettre en œuvre pour trouver un remède contre cette fièvre qui représentait un véritable fléau pour l’Europe.
En 1631, un jeune apothicaire jésuite, établi au Pérou, fait savoir qu’il a découvert, dans le Nouveau Monde, un remède à une maladie qui y est inconnue. Il s’agit de la quinine, un alcaloïde produit à partir de l’écorce rouge et amère du cinchona, ou quinquina, un arbre qui pousse dans les Andes. Bientôt, la méfiance initiale disparue, la quinine va révolutionner la médecine. « L’importance de cette découverte pour l’art de la médecine est aussi grande que celle de la poudre à canon pour l’art de la guerre », ont pu dire certains. L’accessibilité et le contrôle de la distribution de ce remède sont un enjeu stratégique considérable. La quinine ouvre en effet la porte aux aventures coloniales des Européens en Asie et en Afrique.
C’est cette incroyable histoire que Fiammetta Rocco, qui a passé une grande partie de sa vie au Kenya, excelle à nous raconter. Son grand-père, son père et elle-même ont souffert de la malaria. Elle a utilisé de nombreuses sources inédites et parvient à nous entraîner — d’anecdotes personnelles en manuels savants — à travers quatre siècles d’Histoire et cinq continents.
Son livre, alerte et plein d’informations, donne à lire une aventure fascinante : celle des trésors que recèle la nature, et du mauvais usage que les hommes savent aussi en faire.