Pendant des siècles, les Tsiganes bulgares ont dressé et exhibé des ours, de ville en ville, et jusque sur les plages. En 2007, avec l’entrée de leur pays dans l’Union européenne, ils ont été contraints de relâcher les ours dans une réserve pour animaux sauvages. Mais aujourd’hui encore, dès que ces ours voient un humain, ils se lèvent sur leurs pattes arrière pour danser.
Au fil de ce grand reportage littéraire en Europe de l’Est, la métaphore de l’ours dansant va prendre toute son ampleur : il n’est pas facile de retrouver la liberté. Ni de savoir quoi en faire. De Sofia à Tirana et de Belgrade jusqu’à Gori, la ville natale de Staline, en passant par Athènes, Londres et Cuba, Szabłowski interroge des femmes et des hommes sur la difficile transition de leur pays vers la démocratie et l’économie de marché. Liberté, liberté chérie ? De même qu’avec les ours rendus « à la vie sauvage », qui ont été stérilisés et qui se heurtent à des clôtures électriques, la vie nouvelle des plus pauvres, à l’Est, n’est pas si simple, et le cocktail de souffrances et de nostalgie explique en bien des lieux les séductions de l’autoritarisme.