Andreï Sakharov (Moscou, 1921-1989), physicien, scientifique renommé, « père de la bombe H soviétique », a conçu des armes thermonucléaires et évalué les conséquences possibles de leur utilisation abusive. Sakharov a également fixé les principes moraux de la dissidence, reconnus dans le monde entier, et est devenu par la suite le célèbre chef de file des opposants au régime. Son infatigable et courageuse action en faveur des droits de l’homme lui a valu le prix Nobel de la paix, en 1975, six ans d’exil intérieur à Gorki – ville fermée aux étrangers –, puis la réhabilitation en 1986, grâce à la perestroïka. Avec sa femme, Elena Bonner, il est devenu un symbole de la lutte pour la dignité de l’homme. Sakharov a fait partie des privilégiés du pouvoir, puis subi les brimades du KGB, avant d’entamer, à la fin de sa vie, une carrière politique pour réformer la constitution.
C’est cette existence hors du commun que nous retrace ici Richard Lourie, traducteur des mémoires de Sakharov. À partir d’une multitude de documents – dont les dossiers longtemps secrets du KGB et la correspondance personnelle de Sakharov –, il nous raconte l’histoire d’une vie étroitement liée à celle de son pays. Sakharov a contribué à transformer l’Union soviétique en superpuissance en même temps qu’il l’a forcée à rendre compte au monde entier de ce qu’elle faisait endurer à ses citoyens.
Cette première biographie complète, intelligente et détaillée, d’une lecture aisée, rend justice aux multiples facettes de ce personnage complexe. C’est aussi une véritable mine d’informations sur le destin de l’Union soviétique.