Destinés à l'origine au cercle restreint de sa seule famille, les souvenirs « sans queue ni tête » des années militaires et de jeunesse d'Aleksander Fredro s'apparentent à la tradition polonaise de la gaweda, sorte de « causerie au coin du feu ».
Rédigés dans un style vigoureux et d'une haute tenue littéraire, remarquables par leur causticité, ces mémoires constituent un témoignage historique sans pareil sur des événements considérés en France d'une manière bien souvent trop unilatérale.
Au fil de l'épopée napoléonienne, nous chevauchons auprès du jeune officier Fredro à travers toute l'Europe, de Paris à Smolensk, au cœur des armées impériales, avant, pendant ou après la bataille. Et les réunions d'état-major, les soupers, les entretiens confidentiels auxquels nous assistons nous permettent de côtoyer les illustres figures d'un Berthier ou d'un Murat, du prince Poniatowski, d'Alexandre Ier, voire de l'Empereur en personne.
Mais le caractère trempé et slave du mémorialiste fait qu'en toile de fond à la retraite de Russie ou à la bataille de Leipzig s'égrènent les évocations des années passées : demeures ancestrales oubliées ou frayeurs partagées de périlleuses chasses à l'ours.
Par-delà le soldat et l'enfant choyé nous est ainsi brossé le portrait d'un homme que tout lecteur aimerait revendiquer pour aïeul.