« C’étaient les bolcheviks, avec leurs décrets merdiques, qui avaient dégoûté les poissons de frayer. Les poissons, et nous tous. »
À Kiev, le joli mois de mai : les couples d’amoureux, le parfum des lilas… et la débrouille quotidienne, les petites magouilles, le marché noir, les rencontres d’un soir. Au milieu des années 1980, l’ambiance est apocalyptique : c’est le règne du marasme et du grand n’importe quoi qui ont précédé l’effondrement de l’URSS.
Les châtaigniers fleurissent dans le parc de la Victoire, où les vétérans de l’Afghanistan dealent du hasch tout en réparant les jeux pour enfants qui tombent en miettes. Les vendeurs à la sauvette sont rançonnés par les flics, les affaires marchent mal… Un meurtre vient déstabiliser tout le système, remettre en question les vieilles alliances du parc de la rive gauche du Dniepr. Tout cela parce qu’un étudiant a voulu acheter une paire de baskets Puma à sa petite amie ?
Dans ce roman joyeusement inventif, Alexeï Nikitine fait vivre sous nos yeux les infimes événements du quotidien, à la fois touchants et dérisoires, en même temps qu’il révèle les rouages du monde politique. Par moments terriblement prophétique, il dresse dans Victory Park un portrait de la ville de Kiev. Elle n’est pas seulement la ville qu’il connaît dans ses moindres recoins : c’est son paysage intérieur, qu’il rêve et qu’il réinvente.